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Traiter intensivement l'EEG "paroxyste" ne modifie pas le pronostic des comas post-anoxiques
C'est parti !

Saison 2 - Épisode 3

Les arrêts cardiaques prolongés sont compliqués d'un coma, au cours duquel des anomalies paroxystiques sont parfois enregistrées en EEG. Faut-il les traiter ? Une étude randomisée compare les effets d'un traitement intensif de ces anomalies avec l'absence de traitement. Voici les résultats.

Lien vers le résumé en ligne : https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/35196426/

On vous laisse écouter !

L'étude

Alors après un arrêt cardio respiratoire prolongé, les personnes peuvent présenter un coma dont on va vite se demander quel sera le pronostic, sachant que malheureusement, le pronostic reste globalement défavorable.

Or, dans une proportion non négligeable de ces patients, dans le coma, après un arrêt cardiaque, on recueille à l'aide de l'électroencéphalogramme des décharges cérébrales, soit sous la forme d'activité périodique qu'on appelle GPD, soit sous la forme d'activité plus rythmique qu'on appelle facilement crises électriques ou état de mal non convulsif.

Une équipe hollandaise s'est intéressée au devenir de ces patients dans le coma lorsqu'on détectait ce type de pattern EEG et qu'on le traitait à l'aide de médicaments antiépileptiques de manière intensive en pratique, de manière à obtenir une résolution de cette activité pour au moins 48 h.

Résultat principal de cette étude

Donc ce qu'ils ont fait, c'est qu'ils ont pris 170 sujets environ, dont la moitié, à peu près 88 personnes recevaient ce traitement intensif qui visait donc à corriger l’EEG de manière à annuler ces activités parosistique. Et l'autre moitié, de manière randomisée évidemment, ne recevaient qu'un traitement standard sans besoin de contrôler cette activité EEG. Il y avait un suivi de l’EEG qui permettait d'évaluer l'évolution de ces deux traitements administrés. Et puis le principal objectif était d'évaluer le devenir de ces sujets en fonction qu'ils avaient été traités intensivement par le médicament antiépileptiques ou non, traités.

Alors, au final, alors que les patients qui étaient traités avaient un peu plus de la moitié des cas, une disparition des anomalies EEG sous traitement, ce n'est survenu que sur 2% des sujets traités par standard care, le pronostic était similaire, c'est-à-dire qu'un mauvais pronostic neurologique évalué sur les échelles qui mentionnent la présence soit d'un décès, soit d'un coma persistant, soit de séquelles sévères, était obtenu dans 90 % des cas lorsque les sujets avaient été traités par un médicament épileptique, et 92 % d'un groupe contrôle et le décès à trois mois était de 80 % dans le groupe traité, contre 82 % dans le groupe de contrôle.

Ce qui signifie que lorsqu'on traite des anomalies EEG sur sujet en coma on ne modifie aucunement le pronostic global, que ce soit au niveau neurologique fonctionnel à trois mois ou que ce soit en termes de décès. Alors évidemment, on peut regarder un peu dans les sous-groupes. Alors les auteurs disent bien que cette analyse d'un sous-groupe n'est qu'une indication sur ce qui pourrait être profitable de faire, notamment parce qu’ils vont manquer de puissance. Il s'agit de petits groupes avec très peu de sujet lorsqu'on s'intéresse au sous-groupe. Ce qu'on peut voir par exemple, c'est que si vraiment on a des patterns rythmiques, on a tendance quand même à être un peu favorisé par la réception d'un traitement antibiotique, alors que les autres cas variés sont tout à fait équivalents.

Et surtout que si on compare les sujets qui avaient une activité périodique généralisée de décharge sur l’EEG par rapport à ceux qui n'avaient pas ce pattern périodique généralisé, eh bien il y avait quand même un bénéfice à recevoir un traitement lorsqu'il s'agissait de crises plus individuelles.

Conclusion

En somme, ce que dit bien ce papier important puisqu'il est paru le 24 février dernier dans une grande revue de médecine, le New England Journal of Medecine, c'est que des sujets dans le coma après un arrêt cardiaque, que l'on enregistre à l'aide de l'électroencéphalogramme, une activité paroxystique avec des décharges de pointondes ou pas, ne modifie pas le pronostic et qu'il vaut mieux chercher d'autres solutions que de traiter à tout prix ces décharges.

*Ce texte est une retranscription du podcast ci-dessus, il est possible que quelques erreurs de lexique, formulations, etc... se soient glissées dans le texte, référez-vous plutôt à la vidéo du podcast.

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