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Des écrivains qui racontent leurs crises épileptiques

 

Sylvain Tesson et Antoine Audouard sont deux écrivains que rien ne semblait pouvoir réunir. Le premier est un voyageur impénitent, qui a sillonné les contrées les plus hostiles et s’est fait notamment connaître par ses expériences d’isolement en Sibérie, au bord du Lac Baïkal. Le second est éditeur, fils d’Yvan Audouard, il a connu tout ce que la littérature française a produit de célébrités ces trente dernières années. Mais voilà, dans deux livres parus récemment, des récits de vie, tout deux décrivent la survenue d’une crise épileptique.

 

Sylvain Tesson a été victime d’un grave traumatisme crânien, qui l’a laissé abimé, mais conservant encore la force de traverser la France à pied, expérience reconstructrice qu’il raconte dans « Sur les chemins noirs » (Gallimard, 2016).

Antoine Audouard souffre un AVC, un accident vasculaire cérébral qui le rend hémiplégique, et qu’il raconte dans « Partie gratuite » (Robert Laffont, 2018).

 

AVC, traumatisme crânien, constituent des facteurs de risque de crise épileptique. La cicatrice qui est présente dans le cerveau, peut s’organiser, parfois longtemps après l’accident initial, en circuit épileptique, susceptible de produire une crise.
C’est ce qui va se passer pour nos deux écrivains.

Sylvain Tesson (page 96) : « Pourquoi fut-ce à quatorze heure ? Et pourquoi là plutôt qu’ailleurs ? Nous étions paisiblement assis dans l’herbe à l’ombre des bâtiments de béton de la station de ski et nous déjeunions d’un quignon lorsque monta en moi une envie de mourir. Ce fut lent, pareil à un maléfice pointant à l’horizon. C’était une tache noire qui envahissait l’être comme l’encre de le la seiche ennuage l’eau de mer… (…)… L’ombre que j’avais sentie naissait de mes propres tréfonds, comme une bête, mais pas comme une belle créature marine : comme une bête affreuse. C’était l’épilepsie, le mal noir ».

Antoine Audouard (page 387) : « Tension dans la jambe gauche – comme un début de crampe… je tire pour relâcher, merde, ça ne relâche pas du tout, ça tire, ça tire, et je me mets à faire des bonds sur le lit. Dans ma peur panique de tomber j’entends à peine les « darling darling » de Suzanna et ses « help ! »… (…)… Je me suis mordu la langue mais pas trop fort… ».

Les crises épileptiques peuvent toucher tout le monde et à tout âge.
Les écrivains ne font pas exception.

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